Dans le monde de l'entreprise, ou en milieu rural, le mot « psy » est encore, parfois, diabolisé, il fait peur, parfois à juste titre. La psychiatrie évoque la folie dans l’esprit collectif, elle évoque les asiles. Jusqu’au 19ème siècles, les Hommes qui souffraient moralement, mentalement, étaient enfermés, et même enchaînés.
En 1537, Jean Ciudad a créé le premier hôpital où les fous sont traités avec humanité, ce qui engendre plus tard l’ordre de St-jean de Dieu qui organise des hôpitaux à plus grande échelle, notamment en France après la révolution. Les hôpitaux issus d’un ordre religieux qui avait vocation de charité et d’humanité se sont transformés en institutions publiques aujourd’hui, en France, par exemple. Ce n’est pas le cas dans certains autres pays.
La psychologie va connaître une première révolution avec Freud :
Le 19ème siècle a vu fleurir en littérature ou en peinture le romantisme, qui exalte le goût du mystère et du fantastique, et permet la libre expression de la sensibilité cherchant le rêve dans l’exotisme ou la nostalgie. Les poètes et auteurs de ce siècle laissent une trace indélébile de leur psyché tourmentée, terreau fertile pour les chercheurs en psychiatrie et psychologie.
Dans ce contexte, la psychologie prend un essor fulgurant, avec Charcot (1825-1893) neurologue et professeur de Freud, Bleuler (1857-1939), et enfin Freud (1856-1939) dont les concepts et théories psychanalytiques vont essaimer le monde entier et révolutionner la psychologie dans son acception générale.
Le trouble mental des les 17ème et 18ème siècles qui ont vu apparaître des asiles où l’on enferme les fous est totalement révolutionné par Freud et son approche psychogène de tout désordre de la psyché. En parallèle, les thèses eugénistes, ou tout du moins génétiques et organicistes permettent de mettre en exergue des causes chimiques, de nature endogène dans certains troubles du comportement, de la personnalité, de la psyché humaine.
Ainsi, les deux disciplines, psychiatrie et psychanalyse, vont faire taire des siècles de paganisme où la « folie » est considérée comme l’œuvre du diable, siècles durant lesquels l’inquisition a brûlé nombre d’hérétiques.
La rationalisation des troubles naît vraiment à cette époque, fin de 19ème siècle et début du 20ème siècle (1890-1920).
Une deuxième révolution apparaît avec la reconstruction de la France après 1945 et sa recherche d’indépendance. Son originalité en matière de solidarité avec la création de la Sécurité Sociale, et bien d’autres aspects encore ont produit une expansion démocratique de la médecine et de la psychiatrie.
Avec la mise au point des neuroleptiques comme premiers psychotropes sédatifs en 1942, puis des antidépresseurs en 1957, les « Asiles d’aliénés », devenus dans les années 30 « Hôpitaux psychiatriques », ont été requalifiés en « Centres Hospitaliers Spécialisés » ou « Centres Psychothérapiques » à partir des années 60.
La médicalisation de la psychiatrie permet la création des institutions médico-judiciaires, médico-sociales, extension du secteur privé, politique de Secteur (Livre blanc de la psychiatrie) et de pratiques de la psychanalyse et de la psychothérapie.
Le contexte des années 60 et 70 devient propice à la formation et à la pratique d’une psychiatrie hors des murs de l’hôpital, avec la création du Secteur public (institution d’État), avec le développement du secteur privé et aussi du secteur médico-social avec l’apparition par exemple des CMP (Centre médicaux psychologiques). Le travail psychothérapeutique de Secteur public se conjugue alors avec la création de Cabinets privés de psychiatrie et psychanalyse. Une nouvelle génération de la psychiatrie, dynamique, créative, inspirée par la psychanalyse et ses disciples freudiens apparaît peu à peu.
Les « aliénés » deviennent des schizophrènes, des autistes, des psychotiques. La terminologie psychiatrique amorce très timidement une forme de déstigmatisation bien que la psyché collective parle, parfois de fous, encore aujourd’hui.
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